Situé à mi-chemin entre Bellinzone et Lugano, Mezzovico donne l’impression de n’être constitué presque que d’insignifiants bâtiments industriels. Deux d’entre eux appartiennent à Hydac SA, une filiale de la maison mère spécialisée dans les systèmes de refroidissement et dont le siège est basé à Sulzbach en Allemagne. À cinq kilomètres à vol d’oiseau de la frontière italienne, on développe, teste et fabrique des appareils de haute technologie. L’entreprise contribue à ce que nos données soient stockées en toute sécurité sur Amazon, que le poisson congelé ne décongèle pas pendant le transport ou que les locomotives ne restent pas bloquées sur des voies ouvertes.
Les 85 collaboratrices et collaborateurs d’Hydac SA sont principalement actifs dans la recherche et le développement, l’ingénierie et le montage de systèmes de refroidissement pour des applications dans différents secteurs. La production en série de refroidisseurs et d’échangeurs de chaleur a lieu 70 kilomètres plus au sud, dans le nord de l’Italie où une usine emploie 250 personnes. «Nous conservons une partie de la production en Suisse pour vérifier immédiatement par des tests pratiques si les innovations peuvent être intégrées au système», souligne Davide Paterlini, directeur d’exploitation du site de Mezzovico. Une bonne douzaine de spécialistes assemblent donc dans les halles de huit mètres de haut ce que leurs collègues ont élaboré dans les bureaux: des systèmes de refroidissement qui font en sorte, par exemple, que les moteurs des centres de calcul, notamment ceux des commerces en ligne, ne surchauffent pas, mais fonctionnent de manière régulière, maintenant ainsi les serveurs en activité. Les produits Hydac sont aussi utilisés dans les centrales à gaz ou les éoliennes afin d’assurer le refroidissement des systèmes. Les appareils «made in Mezzovico» sont conçus en partie pour des utilisations mobiles: par exemple dans le soubassement des locomotives où ils refroidissent des pièces importantes, ou sur les conteneurs frigorifiques, où ils stabilisent les compresseurs responsables de la production de froid. «Outre la fiabilité, l’efficacité est un critère important pour se démarquer de la concurrence», explique Davide Paterlini. En effet, plus une installation frigorifique est petite, plus elle est facile à installer dans une locomotive, par exemple, et plus elle contribue à réduire la consommation d’énergie.
Transparence et conseils
Mesurer, optimiser, améliorer: Davide Paterlini et son équipe ont la recherche d’efficacité dans le sang. Logique pour eux d’étendre cette recherche à leur propre environnement, autrement dit à l’immeuble de bureaux construit en 1971 et acheté en 2001, ainsi qu’à la seconde halle en location, afin de détecter les dépenses d’énergie superflues. «Nous savons beaucoup de choses sur le refroidissement, mais pour une analyse opérationnelle aussi complète, il nous fallait un professionnel», explique Davide Paterlini. C’est dans la commune voisine de Taverne qu’il est tombé sur Tech-Insta SA, une entreprise active dans le domaine de la construction d’installations et qui propose également des services de conseil grâce à son secteur ingénierie. En 2019, Silvio Giacomini, le conseiller PEIK responsable du projet, a commencé à dresser un bilan énergétique et, après une première analyse, il a identifié toute une série de mesures d’optimisation pour Hydac. Au terme de ses calculs, Silvio Giacomini résume: «Depuis 2001, rien n’a été investi dans l’efficacité énergétique; le potentiel est donc énorme.»
Des LED pour économiser
Le passage à l’éclairage LED a déjà été effectué. Cela n’a entraîné aucune difficulté dans les bureaux où les tubes fluorescents étaient jusqu’alors la norme. Une planification précise a en revanche été nécessaire dans les halles de montage, afin de garantir la luminosité nécessaire aux différents postes de travail. Hydac a opté pour un système de commande sophistiqué qui adapte la puissance en fonction de l’intensité de la lumière du jour. Le jour de notre visite, les nuages alternent en effet avec un soleil radieux: les capteurs réagissent alors progressivement et assurent une luminosité constante et agréable. Désormais, les détecteurs de mouvement sont eux aussi la norme dans les couloirs de la zone de bureaux. Selon les calculs de Silvio Giacomini: «Dans ce secteur, le passage aux LED permet d’économiser deux tiers de la consommation d’électricité qui s’élevait jusqu’alors à 58 000 kilowattheures par année.» Les lampes LED doivent être moins souvent remplacées, une opération qui comporte toujours des risques dans les halles de grande hauteur.
En ce qui concerne le chauffage des locaux, le personnel a été sensibilisé à la nécessité de fermer plus rapidement les grandes portes des halles en hiver. Il est aussi prévu que l’ancien brûleur à mazout soit remplacé à moyen terme par une pompe à chaleur. Mais pour réduire plus globalement les besoins en énergie, il est tout d’abord nécessaire de rénover le toit, d’où s’échappe une grande quantité de chaleur pendant la saison froide. Hydac veut profiter des travaux sur son toit de 4000?mètres carrés pour installer une centrale photovoltaïque. L’installation prévue de 500 kWp, soit 3300 mètres carrés, devrait produire environ 70 % de la consommation d’électricité de l’entreprise. «Si les choses se passent particulièrement bien, nous envisageons de vendre le surplus d’électricité», relève-t-il.
Le conseiller en énergie PEIK avait également mis en évidence des économies potentielles au niveau de l’alimentation en air comprimé. «Nous avons recalculé les besoins réels et remplacé l’installation amortie depuis longtemps par une plus petite, qui fonctionne avec un quart d’électricité en moins. L’ancien compresseur est, pour l’instant, conservé en réserve», explique Silvio Giacomini. De toute façon, l’entreprise se tourne progressivement vers des outils alimentés par des batteries rechargeables. Les appareils sans fil permettent non seulement d’économiser de l’énergie, mais ils sont aussi plus ergonomiques, plus flexibles et évitent les désagréments liés au fait de se retrouver avec des tuyaux d’air comprimé dans les pattes.
Projet planifié avec contracting
Les mesures prises jusqu’ici sont amorties en quelques années, il faudra plus de temps pour la rénovation du toit. Hydac SA étudie la possibilité de conclure un contrat de contracting: Tech-Management, une entreprise du groupe Tech-Insta, se charge du financement et garantit une économie d’énergie annuelle minimale. Le contrat comprend la rénovation du toit, l’installation du système photovoltaïque, la mise en œuvre d’autres mesures d’optimisation et la fourniture de services énergétiques. Les bâtiments et les installations restent la propriété d’Hydac. Les spécialistes de Tech-Insta continuent de s’impliquer dans le conseil et la gestion des contrats. La rénovation du toit avec l’installation du système photovoltaïque et d’autres optimisations permettrait de réduire la consommation d’énergie pour l’approvisionnement en électricité, en chaleur et en eau chaude d’environ 40% par rapport à 2019. Davide Paterlini est convaincu par l’approche: «Après un conseil en énergie de PEIK, on sait exactement où et combien d’électricité ou de mazout sont consommés – on peut prendre des mesures adaptées.» C’est la bonne voie: «L’augmentation des prix de l’énergie rend particulièrement intéressant d’investir maintenant dans l’efficacité énergétique et d’évoluer vers une décarbonation.»
Cet article a été écrit par Pieter Poldervaart pour www.stop-gaspillage.ch et est paru le 11 août 2023 dans le Journal des arts et métiers.